Le triage de semences
Les trieurs de semences professionnels préparent chaque année 60 % des semences françaises de céréales auto-produites à la ferme dites « semences de ferme« . Sur les 4 000 0000 de quintaux de semences produites en blé chaque année, les trieurs en produisent 2 400 000 qx.
En France, un champ de blé sur deux est semé avec ces semences issues de la récolte, et un sur quatre est préparé par un trieur de semences professionnel.
Les trieurs se déplacent chez les agriculteurs pour préparer leurs semences « à façon ».
Les arguments de la semence de récolte
La semence autoproduite a un coût de revient inférieur de 30 % à 60 % au coût des semences certifiées industrielles selon les espèces utilisées (céréales, protéagineux..).
Elle maintient une saine concurrence en tant que semence participative et évite les dérives inflationnistes qui apparaissent parfois au sein d’une filière de production, en cas de déséquilibre entre acteurs…
Elle sécurise les approvisionnements. L’autoproduction de semences est moins tributaire des aléas de programmation de production. Après la récolte catastrophique de blé de l’année 2016, c’est la semence de ferme qui a permis de faire face à des pénuries de semences dans le commerce en fournissant le secteur industriel (via la dérogation R2 du ministère) dont 5 % des semences de blé vendues provenaient de semences prélevées à la ferme et 18 % des semences de pois, par manque de marchandises ! A l’hiver 2011, 300 000 ha de blé avaient gelé dans le Grand Est, ce sont là encore les semences de ferme qui ont permis les re-semis de printemps, faute de semences certifiées dans le commerce. La semence de ferme évite ainsi les tensions et réduit les risques de flambée des prix.
Elle garantit la liberté agronomique des agriculteurs en leur permettant de pratiquer le mélange des variétés. 10 % des semences de ferme se font en mélange de variétés. cette pratique du mélange préconisé par l’INRA au sein du programme wheatamix 2014-2018 est reconnue comme un facteur favorisant la résistance aux maladies et aux parasites et diminuant le recours aux produits phytosanitaires.
L’autoproduction de semences garantit également aux agriculteurs la maîtrise du choix des traitements préventifs appliqués sur les graines. Avec cette approche « sur mesure » à la carte ou plutôt à la parcelle, elle permet une réduction d’utilisation jusqu’à 40 % de produits phytopharmaceutiques par une préconisation plus affinée localisée à l’inverse de la semence certifiée du commerce et son approche industrielle et systématique.
Produite localement, « relocalisée », la semence de ferme fonctionne en circuit court : elle est l’économie circulaire, elle évite des transports et déplacements de semences inutiles et contribue ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
C’est une semence responsable puisque les agriculteurs qui y ont recours versent chaque année environ 15 millions € pour soutenir la création variétale et la recherche au travers d’une redevance aux sélectionneurs et au Fonds de soutien pour l’obtention végétale. (FSOV)